" [...] mon comportement est une traduction, en actes, de mes représentations, et donc des influences diverses qui les ont construites. Mon comportement évolue tout seul, « naturellement », lorsque mes représentations évoluent."
Pourquoi ?
C'est parti d'une irrépressible envie de comprendre ce qui se passait en moi et autour de moi.
Pourquoi la(ma) violence ?
Pourquoi des parents qui disent aimer leur enfant le punissent, le menacent, le récompensent, le frappent, le manipulent, l'obligent à aller à l'école ou à ne pas y aller (situation rare), lui mettent la pression pour manger, dormir, le contraignent, l'abandonnent, l'isolent ou au contraire le mettent en groupe... ?
Pourquoi ça existe aussi au sein de beaucoup de couples et dans bien d'autres relations dites d'amour ?
Pourquoi un humain est capable de cruauté et pas un autre ? Pourquoi les conflits, les guerres ? Pourquoi un être humain peut évoluer de bébé souriant et sociable à meurtrier ?
Pourquoi certains humains ont le goût de vivre et pas d'autres ?
Pourquoi la présence d'incongruence (ce qui est dit qui est n'est pas similaire à ce qui est (les faits)), d'injustice, d'aliénation, de souffrance, de peurs, d'inauthenticité ?
Pourquoi le ‘progrès' ne semble pas améliorer la situation ?
Pourquoi un sentiment d'impuissance à faire évoluer la situation, sa propre situation semble être souvent présent ?
J'ai eu l'intuition qu'il existait d'autres réponses que c'est comme ça (et donc pas autrement), Quel sentiment de gratitude d'avoir compris sa mécanique et ses effets, d'avoir saisi l'importance de la distinguer de l'acte d'apprendre, d'avoir compris qu'elle entrave voire asphyxie l'autonomie en générant l'hétéronomie. Elle déresponsabilise celles et ceux qu'elle prétend vouloir/pouvoir responsabiliser. Elle blesse, meurtrit notre coexistence en instaurant et en perpétuant une interdépendance à structure de dominance.
J'ai découvert que d'autres éléments produisent de tels effets sur la santé de notre coexistence et s'inter-influencent.
L'ensemble de mes découvertes m'amène à proposer des pourquoi ? qui interrogent des croyances ancrées depuis longtemps dans notre société.
" Pourquoi ? 28. « Qu'est-ce qu'on fout là ? » était la formule préconisée comme axiome par Jean Oury : « Si [je] me posais cette question dix fois par jour, [je me] rétablirais de plain-pied avec ce que je fais et n'entretiendrai[s] pas la noise » (Le collectif, Scarabée, 1986. p.84). Jean-Pierre Lepri, ‘Éducation' authentique. Pourquoi ?, Myriadis, p. 21
[...] – l'autre étant « et alors ? ». Nous les utilisons assez souvent, car ces deux questions se révèlent très productives.
La question « pourquoi ? » peut se répéter jusqu'à l'infini, après chaque réponse, à propos de leur contenu. Un peu comme le ferait inlassablement un enfant : « Et pourquoi ? Et pourquoi ? Et pourquoi ?... ». Ce questionnement aboutit nécessairement à une ultime question : LA « question fondamentale ». Elle n'a pas de forme canonique et revêt donc plusieurs formulations. Elle tourne autour de quelque chose comme : « qu'est-ce que je fais ici dans la vie ?28 ». Difficile d'échapper à cette question – sinon à quel coût ! Et cette question ou plutôt sa réponse n'est-elle pas le propos – une vie « bonne » – de l'‘éducation' authentique ? (voire le propos pourtant proclamé de toute éducation). Y a-t-il une autre voie pour ne pas en rester à ce qui est donner comme évident, au statut quo – non que nous soyons des adeptes inconditionnels du changement (au contraire29) ? Nous observons simplement que la relation « juste30» ne peut apparaître et se constituer qu'après cette série de « pourquoi ? ».
29. Nous sommes, avec Pierre-André Taguieff, contre le néophilisme, « le culte du nouveau pour le nouveau » (Résister au bougisme, Fayard, 2002 p. 154). Sur le changement, voir « Changements, réformes, révolutions... et autre immobilismes » , dans le chapitre 4 « Je construis la réalité».
30. Le juste est défini ci-après, au chapitre 6 « Concepts-outils ».
31. Si c'est un homme, Pocket, 1988
Des pourquoi ? qui interrogent des croyances – sur les relations – ancrées depuis longtemps dans notre société