L'abolition de l'éducation
L'éducation est une structure relationnelle de dominance
L'éducation est un terme générique. Il fait à la fois référence à l'acte d'éduquer et au résultat de cet acte. Ce n'est pas forcément l'école ni les parents. C'est toute situation dans laquelle il y a un éducateur au sens générique et un éduqué. C'est quelqu'un qui se positionne comme sachant pour un autre ce qui est bien pour cet autre. Non seulement il décide de ce qu'est ce bien et a le projet, l'intention d'œuvrer, d'intervenir et agir pour faire son bien à l'autre. C'est à dire qu'il s'occupe de l'autre. C'est un schéma de dominant/soumis. C'est un schéma que je trouve en naissant, que je reçois. Je l'apprends si il est omniprésent dans le milieu dans lequel je grandis et le perpétue dans le couple, l'amitié, le travail, le soin, avec les nouveaux nés... J'ai du mal à imaginer que je puisse faire autrement.
Cette structure relationnelle n'est pas sans conséquences sur l'acte inné et inévitable d'apprendre donc sur la vie. L'éducation est d'ailleurs le plus souvent confondue avec apprendre.
Jean-Pierre Lepri qui a initié le Cercle de réflexion pour une 'éducation' authentique développe cette idée notamment dans L”éducation authentique : de quoi s’agit-il ?, CREA. Extrait ci-après.
Voir également la page Éduquer du GRéA-la vie (Groupe de réflexion sur éduquer et apprendre).
relations-justes.org œuvre pour l'autonomie et la liberté pour apprendre
Eduquer ou vivre ?
Extrait de L”éducation authentique : de quoi s’agit-il ?, CREA
"Comment « apprendre » a-t-il pu se confondre avec enseigner ? Comment enseigner-apprendre est devenu un « besoin. Car, en effet, je respire, je vis et j’apprends… – tout à la fois – et ce ne sont pas des besoins. Cela « va de soi », naturellement. Cela devient un besoin dès qu’une gêne ou un empêchement apparaît dans ma respiration, dans ma vie ou dans mon apprendre. C’est le manque qui crée le besoin. M’empêcher de respirer ou d’apprendre, actes innés, crée mon « besoin » de respirer ou d’apprendre. C’est donc, en fait, la raréfaction intentionnelle, par l’éducation, des possibilités d’apprendre, qui va justifier le « besoin » d’apprendre… par l’éducation. Tout comme la raréfaction intentionnelle de l’air, pour ma respiration, instaurerait mon « besoin » de respirer et validerait la mise en œuvre d’un système, contrôlé par d’autres, de distribution d’air et de respiration artificielle. Ce « besoin » crée ensuite la valeur de ce qui est raréfié, de ce qui « manque », et il fonde donc le « droit » pour tous de respirer ou d’être éduqué. Ce « droit », à son tour, justifie l’extension et l’expansion, de gré ou de force – puisque « c’est (devenu) un droit » – du processus à l’ensemble de la planète et à tous ceux qui y résisteraient. On notera, au passage, comment, subrepticement un « droit » devient curieusement un devoir, une obligation. Une « bonne » éducation ne peut donc exister. D’abord parce que ceux qui la « délivrent » sont les meilleurs produits conformes du système « dominant-soumis » et sont expressément chargés de le perpétuer, voire de l’accentuer. Ensuite, tout simplement parce que la solution ne peut être la cause-même du problème. Et, pour l’éducation’ authentique, l’éducation ou l’école n’est pas la solution, l’éducation est le problème."