Publiée par Le Collect'IEF sur Mardi 9 août 2016
Delphine 19 ans
Delphine, 19 ans
Pour moi l’instruction en famille est une chance de prendre le temps et une opportunité de pouvoir choisir ce que je fais de mes journées sans agenda pré-défini ; en somme la chance d’avoir une enfance sans avoir besoin d’attendre les grandes vacances. Mais attention, hein, pendant des vacances de 12 mois par an, je n’passe pas mon temps devant la télé (ce serait beaucoup trop ennuyant.). Mais plutôt, je passe mes journées à découvrir, à questionner et à expérimenter, au lieu d’être assise face à quelqu’un qui raconte des choses acquises, ou que l’on croit acquises, sur un sujet que quelqu’un d’autre (mais personne ne sait vraiment qui) a décidé qu’il fallait apprendre aux enfants, ici et maintenant. Bon, alors honnêtement, je n’ai jamais été à l’école, MAIS : toutes les personnes, SANS EXCEPTION, que j’ai entendues parler de l’école, la décrive comme un lieu où l’ennui règne. Du coup, je trouve ça bizarre qu’on veuille tous nous y envoyer… Voulez-vous donc tous nous forcer à l’alcoolisme sobre ? C’est à dire à être saoulés sans alcool ? Je n’comprends pas… Et puis, supprimer la liberté d’instruction est une grave atteinte au mot « liberté » qui figure dans la devise française. Déjà que l’égalité et la fraternité battent de l’aile… Ou alors, il faudrait changer la devise en « oppression, discrimination, désunion » ou carrément l’enlever.
Tenez, en parlant d’égalité… : les contrôles. Tous les non-sco doivent être contrôlés ? Ok. Tous les non-sco doivent avoir le niveau à 16 ans ? Ok. Mais alors, faites-le aussi dans vos écoles. Parce-que là, les élèves qui n’ont pas le niveau, ce ne sont pas des non-sco. Ce que je veux dire, c’est qu’avant de nous dire que l’on fait mal l’instruction et que vous la faites mieux, bah, vous devriez effectivement mieux la faire. En fait, vous, vous la faites en masse, et nous, nous l’adaptons individuellement à chacun. Je pense que tout le monde devrait être en mesure de suivre et d’assumer ses choix.
Sinon question socialisation, là aussi ça pêche. Parfois je parle à des enfants scolarisés, et ils sont quasiment tout le temps en train de coller des étiquettes. C’est comme s’ils jouaient à « Qui trouvera le plus gros stéréotype de cette personne ? ». C’est triste. Et quand on leur parle d’instruction en famille, ils ne comprennent pas ce que c’est et ne peuvent pas imaginer que l’on puise faire autrement qu’en allant à l’école.
Mais le pire, et malheureusement le plus fréquent, c’est quand on nous prend pour des idiots. Là, parents, adultes, enfants, tout le monde les pose à sa manière : entre les questions de curiosité pleine de préjugés insultants et discriminants qui nous prennent pour des débiles attardés, et les questions inquiètes du genre « mais alors, comment tu vas faire plus tard ? », (comme si on ne pouvait pas se débrouiller.). Pour vous donner une idée, un jour un enfant d’à peu prés 6 ans m’a demandé si mes frères, ma sœur et moi étions (je cite) « stupides ». Et cela juste parce que nous n’allons pas à l’école. Je veux dire : 6 ans ? Et il croyait déjà que l’école est la seule manière d’apprendre ?! J’ai dû lui expliquer comment nous pouvions apprendre sans écoles, avec internet, des livres, des réflexions et des discutions, et surtout des expériences pratiques. Enfin bref, c’est pas gagné…